La consommation électrique des enneigeurs ? Moins qu’une lessive par skieur.
Pour certains, notre projet d’enneigement mécanique est un gouffre énergétique. Une affirmation qui résiste mal à l’examen. Explications.
20 février 2024
Demain, il y aura davantage de canons à neige sur notre domaine. Le futur touristique de Leysin et des Mosses en dépend étroitement. Toutefois, la consommation électrique totale des enneigeurs sera inférieure de 13% à celle d’aujourd’hui, soit une économie d’environ 80’000 kWh. En matière d’optimisation de l’énergie, le projet est déjà aligné sur ce qui est attendu des secteurs de l’industrie et des services dans les prochaines années. Difficile de faire mieux.
Cette rationalisation sera rendue possible par le choix avisé des appareils et l’exploitation du potentiel hydroélectrique. Les enneigeurs produiront des flocons six fois plus rapidement, en 120 heures seulement, d’où un besoin moindre en électricité. Le turbinage de l’eau générera 317’000 kWh, soit 37% des 862’000 kWh requis. En fin de compte, 545’000 kWh devront être apportés par le réseau Swissgrid, contre 624’800 kWh actuellement.
Des comparaisons souvent biaisées
Il serait tentant de mettre cette consommation en rapport avec celle d’un foyer, qui s’élève à 5000 kWh par an selon les statistiques officielles. On pourrait ainsi calculer que le projet d’enneigement équivaut à l’utilisation annuelle de 110 ménages privés. Un tel raisonnement est souvent employé pour vulgariser des thématiques énergétiques. Il est malheureusement biaisé, car il compare les besoins et les usages de groupes de consommateurs qui n’ont rien en commun.
La plupart des prestations proposées à une vaste population, en lien avec les secteurs industriels, de services ou de loisirs, sont par nature énergivores. Prenons deux exemples. Un petit supermarché de 1500 mètres carrés? Il avale facilement 800’000 kWh par an. Une grande finale de foot? Les projecteurs, les gradins, les écrans et les infrastructures de retransmission dévorent 100’000 kWh en trois heures. De vrais gloutons. Pourtant, personne n’a jamais milité pour la suppression définitive des rayons surgelés ou réclamé un match à la lueur des bougies.
Une dépense électrique partagée
Plutôt que de se pencher sur la quantité globale d’électricité utilisée par une activité industrielle et de service — elle sera toujours importante —, il est plus pertinent de se demander si la part prise dans le total énergétique par chaque personne bénéficiaire de la prestation est raisonnable. Dans notre cas, le besoin électrique des enneigeurs doit être réparti entre tous les skieurs qui descendent sur nos pistes au cours de l’hiver.
Le domaine de Leysin-Les Mosses-La Lécherette accueille en moyenne 287’000 skieurs par année. Sachant que le futur enneigement mécanique exigera 545’600 kWh d’électricité provenant du réseau, chaque journée d’un skieur utilisera 1,9 kWh d’électricité, soit 0,038% du bilan annuel de son ménage. C’est l’équivalent de la cuisson d’un gratin au four. Et largement moins qu’une lessive. A chaque fois que vos chaussettes tournent dans le tambour, vous consommez à titre individuel davantage que nos canons à neige de demain.
Un tourisme toujours plus durable
On le voit bien, l’électricité nécessaire à l’enneigement n’est de loin pas excessive lorsque les bons rapprochements sont effectués. Cela ne signifie pas, pour autant, qu’il faille dilapider cette précieuse ressource. Les meilleures pratiques en matière de consommation font partie de nos préoccupations permanentes. La conception vertueuse de notre projet, qui autoproduit plus d’un tiers de ses besoins électriques, le démontre. D’autres planifications, en particulier l’installation de panneaux photovoltaïques sur des bâtiments du domaine skiable, sont à l’étude. Elles amélioreront encore notre bilan énergétique dans les années à venir, fidèlement aux principes de tourisme durable voulus par Leysin et Les Mosses.
Deux communes très actives dans leur transition énergétique
Depuis plusieurs années, la commune de Leysin est certifiée «Cité de l’énergie». Ce label est accordé aux localités du pays qui mettent en œuvre des stratégies en faveur de l’utilisation efficace de l’énergie et de la protection du climat.
Le nouveau collège communal «Le Suchet» illustre cet engagement. Avec plus de 1600 mètres carrés de panneaux solaires, le bâtiment public est pratiquement autonome en énergie annuelle. Durant l’été, lorsque la production d’électricité est excédentaire, le surplus est dirigé vers le centre sportif «Crettex Jaquet» via un raccordement direct.
Leysin exploite également les cours d’eau: les installations du Pont de La Tine génèrent chaque année 2 GWh d’électricité, soit l’équivalent de 400 ménages.
Le projet d’enneigement participe pleinement de cette philosophie vertueuse. Il s’agit, dans chaque nouvelle planification, d’équilibrer les enjeux économiques, énergétiques et environnementaux de manière pragmatique et responsable.
La commune d’Ormont-Dessous s’est engagée avec volontarisme dans la transition énergétique, en capitalisant notamment sur le chauffage à distance. Une centrale de production de chaleur a été réalisée en 2014 lors de construction du collège intercommunal d’Aigremont; elle alimente deux structures scolaires, la Maison de Commune et l’unité d’accueil pour écoliers (UAPE). Cette solution a permis aux Ormonans d’alléger drastiquement leur consommation d’électricité. Elle a inspiré l’étude d’un système similaire au Col des Mosses qui devrait desservir le bâtiment de l’espace public de baignade naturelle, l’espace nordique et différents chalets privés.
Côté solaire, 170 mètres carrés de panneaux ont été posés sur la déchetterie. Ils produisent 38’000 kWh par an, qui s’ajoutent aux 636’000 kWh fournis par les trois turbinages en exploitation.
Enfin, la modernisation de l’éclairage public avec des lampadaires à LED a été planifiée par la Municipalité. Une demande de crédit sera prochainement soumise au Conseil communal.