ENNEIGEMENT MÉCANIQUE LEYSIN-LES MOSSES

Les canalisations ? Invisibles en surface et respectueuses de l’environnement.

Le projet d’enneigement nécessitera la pose de 21,1 km de canalisations. Les travaux seront encadrés par des mesures particulières de protection de l’environnement.

4 mars 2024

Exemple de fouille réalisée dans le cadre des travaux de reconstruction du télésiège Choulet – Le Fer.

175 nouveaux canons à neige s’ajouteront aux 96 déjà existants sur le domaine skiable. Pour les desservir en eau, au lieu de l’aménagement d’un nouveau lac artificiel très impactant, un long réseau de canalisations enterrées a été privilégié. Il comprendra trois segments entièrement invisibles dans le paysage. Le premier, de 5,7 km, reliera le lac de l’Hongrin à Solepraz, où les conduites se diviseront. La première branche, de 6,9 km, rejoindra le lac d’accumulation d’Aï existant. La seconde, de 4 km, filera jusqu’aux pistes des Mosses en suivant au maximum les routes.

Un parcours soigneusement réfléchi

La conception du réseau de canalisations aura demandé plus de 10 ans d’études, en raison d’une procédure en plusieurs phases requise par les autorités. De multiples corps de métiers spécialisés — ingénieurs, hydrogéologues, biologistes et pédologues notamment — auront contribué à une délicate pesée des intérêts, évaluant en profondeur les aspects techniques, économiques et environnementaux du projet. Les services cantonaux ont été associés dès le début des études et leurs exigences prises en compte au cours de nombreuses étapes d’optimisation.

Des discussions ont également été menées avec les organisations environnementales, afin de s’entendre sur un concept global de mesures de compensation. Ces démarches ont abouti à valider, par toutes les parties prenantes, le principe de l’extension de l’enneigement et à le transcrire officiellement dans les plans d’affectation du territoire (voir encadré plus bas).

En vert: le parcours depuis le lac de l’Hongrin jusqu’à Solepraz.

En bleu, à droite: le parcours depuis Solepraz jusqu’aux Mosses, y compris au sein du domaine skiable.

En jaune, à gauche: le parcours depuis Solepraz jusqu’au lac d’accumulation d’Aï, y compris au sein du domaine skiable.

Les parties hachurées indiquent les zones mises à l’enquête.

Des travaux sous surveillance

Des mesures spécifiques seront prises dans tous les milieux fragiles, comme cela a été le cas lors de modernisations effectuées récemment sur certaines remontées mécaniques de Leysin. Ces dispositions exigeantes, qui sont détaillées dans les études environnementales, pourront être complétées par des demandes supplémentaires des autorités au terme des mises à l’enquête. Leur stricte application pendant les chantiers fera l’objet de contrôles réguliers par un bureau spécialisé indépendant, en charge du suivi environnemental.

Par exemple, les entreprises ne pourront utiliser que des machines qui minimisent les pressions au sol et les travaux seront interrompus lorsqu’il existe un risque de compactage du sol après des pluies prolongées. Il ne sera pas possible de stocker des matériaux ou des produits potentiellement polluants au sein des zones de protection des eaux. Quant aux canalisations, elles seront posées avec des précautions particulières, de manière à éviter tout changement du régime des eaux dans les marais, lors de traversées de ruisseaux ou à proximité de captages.

Une résilience végétale et animale satisfaisante

Les chantiers menés au cours des dernières années dans la région ont permis de vérifier la résilience des terrains. «Une recolonisation par la végétation d’origine est généralement constatée sur la majorité des surfaces remises en état, trois ans après la fin des travaux», explique le biologiste de la Communauté d’Etudes Pluridisciplinaires en environnement et aménagement du territoire (CEP). «Pour les milieux dignes de protection, le sol sera décapé en mottes. Elles seront remises en place en surface, afin de permettre et favoriser la reprise de la végétation indigène et stationnelle. Durant trois à cinq ans après le départ des machines, un suivi est prévu pour vérifier et documenter la bonne reconstitution des sols et de la végétation», précise encore le scientifique.

La faune n’a pas été oubliée dans les évaluations environnementales. Bien que la présence de nombreuses espèces rares ou menacées soit répertoriée dans le périmètre du projet, leurs populations s’étendent sur de grandes surfaces. «Les oiseaux, les reptiles, les marmottes et les insectes sont par nature mobiles. Comme les emprises latérales des fouilles sont faibles, nous savons qu’ils vont et pourront se déplacer hors de la zone des travaux et trouver refuge dans des habitats similaires préservés à proximité. Ils pourront ensuite recoloniser l’espace», observe le biologiste.

Sur le plan organisationnel, le calendrier des opérations tiendra compte des secteurs sensibles en période de reproduction, notamment les places de chant du tétras lyre situées à la limite supérieure des forêts. Les travaux planifiés au printemps débuteront aux endroits les moins conflictuels.

Une solide expérience

Les constats positifs issus des chantiers menés sur le domaine skiable contredisent les affirmations alarmistes des ONG environnementales, pour qui chaque coup de pioche est un coup de trop. On doit se rappeler que la montagne est aussi un espace investi par l’homme : l’agriculture et le tourisme y ont toute leur place, comme l’établissent les plans d’affectation du territoire, pour autant que la cohabitation soit équilibrée, respectueuse de la variété et des fragilités du vivant. Nous avons su démontrer, par le passé, un engagement sans failles dans la protection des patrimoines naturels. Lors de travaux de réhabilitation de conduites, menés en 2015 dans les bas-marais des Mosses, des techniques innovantes ont été mises en œuvre. Ces chantiers ont été étroitement supervisés par les services de la Direction générale de l’environnement. Aucun dommage durable aux milieux sensibles n’a été constaté et les autorités ont même repris comme exemple de référence les mesures développées.

Un projet parfaitement légal

L’enneigement mécanique du domaine skiable de Leysin et des Mosses est formellement prévu par deux plans d’affectation. Ces instruments d’aménagement du territoire ont été conçus au cours de la première phase d’étude du projet, en collaboration étroite avec les services cantonaux et en concertation avec les ONG de protection de la nature. Le plan d’affection cantonal PAC 292 A, qui régit la région des Mosses et ses marais d’intérêt national, a été validé en 2015 par les autorités. Quant au plan intercommunal du domaine touristique de Leysin, il a été approuvé en 2019.

Cette réalité, à elle seule, établit la pleine légalité du projet dans les zones affectées. Pour autant, il est possible que le tracé du réseau de conduites appelle à des ajustements sur certains tronçons. Ces demandes de rectifications sont courantes au terme des mises à l’enquête. Elles indiquent que des différences d’appréciation et de pesée des intérêts subsistent dans certaines zones. Le cas échéant, des variantes seront proposées afin de répondre aux préoccupations de l’Etat.